Tayeb Belmihoub - One
Man Show
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Sur la scène du
théâtre de la Providence du septembre 2001
à juillet 2002, Tayeb Belmihoub,
"Le Frabyle", "Vous
avez dit Intégration ?" c'est un
"One Man Show" mais peut-être
devrait-on plutôt parler d'un "homme
seul sur scène", avec un texte fort et
touchant où l'esprit, la tendresse, la
critique, la douleur, la solitude et le rire
se mêlent pour dérouler le fil d'une vie
tiraillée entre deux cultures et son lot
d'indifférences, de violences,
d'injustices, d'ignorance et de rêves.
"Je me sens si seul. Je subis de plein
fouet le choc des cultures. On dit que
l'argent n'a pas d'odeur mais la misère en
a une et franchement.. Ça pue !"
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Une
pléiade de personnages se succèdent pour
dire une réalité qui se balance
inconfortablement entre la France et l'Algérie
à jamais unies dans le souvenir passionnel
d'une guerre dont les cicatrices portent les
noms de colonisation, FLN, harkis,
immigration, religion, racisme,
indépendance et amour.Bercé entre un père
Kabyle qui est "pire qu'une mère
juive" et une mère chtimi qui ne
"supporte pas les arabes", Tayeb
Belmihoub insupporte les français qui
n'apprécient guère de découvrir que sous
sa gueule de bon français se cache un bicot
et les algériens qui n'apprécient guère
sa gueule de roumi pour finalement se
raviser après avoir découvert un
"Mohamed" sur ses papiers.
Heureusement l'humour est là pour
contrebalancer la violence et l'injustice :
De Radio Beur en passant par la cité de
transit, des marchés de Nanterre au voyage
sur Air Algérie, le regard se pose
ironique, moqueur mais jamais méchant.
C'est une vraie vie que l'on nous raconte
mais je vous laisserai l'émotion d'en
découvrir la fin, qui tient en un mot.
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"FRABYLE", c'est une
nouvelle nationalité ou une nouvelle identité ?
Ni l'un, ni l'autre. L'identité c'est ce qui est
identique, aucun individu n'est identique à un
autre - La nationalité ne désigne qu'un lieu de
naissance qui n'est qu'accidentel. Je préfère la
notion de communauté, c'est pour moi la seule
valeur qui prévale car elle est l'expression d'un
acte conscient et volontaire : c'est ma
définition de la liberté.
Quel but souhaitez-vous atteindre
par ce spectacle ?
Partager d'abord - rire, j'espère, rappeler, un
peu. pour prévenir peut-être qu'à force
d'emprisonner on fait naître des idées..
Finalement, vous croyez ou pas aux
mélanges ?
Je crois au partage, je crois aux échanges.
Mélanger vient de mêler, bouleverser. Le
mélange dont je suis issu fait de ma vie un
bouleversement, que j'y crois ou pas ne fait rien
à l'affaire, il est le fruit d'un rêve, d'un
désir.Nos rêves ont un prix, j'accepte d'en
payer le prix !
C'est votre premier spectacle.
Qu'est-ce qui peut pousser un homme père de cinq
enfants, né d'une mère chtimi et d'un père
kabyle, à monter sur scène ?
Qui sait. Peut-être les autres, peut-être la
foi, sûrement pas le hasard.
Comment qualifieriez vous ce
spectacle ?
"Bouche qui rie ne blesse personne".
Enfin, j'espère !
Ce spectacle est à la fois
émouvant, drôle, choquant. peut être blessant
parfois mais il est également plein de tendresse
et de nostalgie.
Nous crions à la naissance, peut-être par dépit
de ce que nous laissons ou par peur de ce que nous
trouvons..jusqu'à cette fin où nous pleurons ce
que nous quittons peut-être pour rire de ce que
nous trouverons.
Votre foi semble être un élément
essentiel de votre parcours mais également un
sujet de révoltes ?
Elle est l'élément essentiel de mon parcours.
Elle est son unique lumière, le reste n'est
qu'accidentel. Mes révoltes ne viennent pas de ma
foi, elles viennent, je le souhaite de mon état
de conscience. A moins que ce ne soit de mon
ignorance.
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