Louisette Rasoloniaina dite "Luciol"
Plasticienne-éclairagiste & Conceptrice Lumière, fondatrice de la société LUM DATUM
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Fontenay-aux-Roses, exemple de réalisation réussi où le travail d’équipe met en cohérence des aménagements urbains et une volonté politique.
Ici l’action est génératrice de solutions originales qui signent la ville. Elle se dote d’une personnalité forte et gagne la sympathie de ceux qui la traversent et ceux qui y résident.
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Lecteur : Collectivités territoriales, Professionnels de la lumière
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La sensation de « bon vivre » à Fontenay-aux-Roses, ne traduit que le processus d’appropriation et d’identification que l’usager perçoit dans un espace urbain « pensé » où sa présence a été préparée. Fontenay-aux-Roses, une ville où chacun a sa place et ses droits dans la ville que l’on soit résident, visiteur, piéton, cycliste ou motorisé.
Dans un mode de conquête urbaine, on pourrait s’attendre à une surcharge de l’action politique par des manifestations éclatantes. Mais dans cette ville exemplaire on atteint un stade d’équilibre où la difficulté se résume à « comment améliorer l’existant sans nuire à l’acquis ».
Ce constat met en avant une autre problématique, celle du point de rupture de l’équilibre, quand une trop forte gestion contraint la notion de liberté urbaine.
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Ce qui est étonnant à Fontenay-aux-Roses, c’est la simplicité des concepts, qui se révèlent très efficaces. Cette jeune équipe municipale semble avoir tiré à profit les enseignements du passé ; on devine la place donnée à l’expérience des acteurs de la ville. Elle démontre une maturité dans le traitement des problématiques urbaines, sans complexes ni d’a priori sur les types et registres de solution ; bien au contraire, elle revisite les idées d’antan, innove en matière d’initiative urbaine et se positionne sur les solutions d’avenir.
L’intelligence des moyens mis en œuvre amplifie la fluidité des circulations dans la ville sans réitérer les scories de la « ville-tout-auto » où le paysage est corrompu par la priorité spatiale et visuelle octroyée à la voirie et aux automobiles.
Fontenay-aux-Roses se distingue par son écriture dans l’espace urbain. Ce qui est signifié est aisément lu et compris. On saisit ce qui est permis et non permis, sans l’usage de signe ou dispositif appartenant à un vocabulaire de défense.
Cette légèreté de l’écriture/lecture est une invitation à la flânerie urbaine ; ça et là, c’est la rencontre et la courtoisie qui sont mises en scène.Le vocable actuellement le plus usité ailleurs tend à créer et à mettre en valeur une sensation de violence et d’agressivité urbaine. C’est une dénaturation de la ville qui impose une ambiance de vigilance « ANTI-L’AUTRE ».
Quand le marquage appuyé du territoire est nécessaire, la municipalité n’hésite pas l’écrire dans l’espace de façon très volontaire et dans le sens littéral. Ces interventions ne sont pas vécues comme des signes répulsifs mais comme la réservation d’espace dédié ou protégé à usage spécifique ou limité.
C’est l’indice d’un certain savoir-faire.
L’urbanité selon Fontenay-aux-Roses
C’est au travers des points cruciaux de la vie urbaine que cette agglomération se démarque dans le traitement des voies rapides,des stationnements, des espaces protégées, de respiration, et des pôles d’activités, rendant lisibles les entités et règles urbaines.
Voie rapide
La problématique : ces voies rapides sont utiles aux échanges urbains et interurbains ; souvent elles se matérialisent par une large bande-saignée coupant la ville en deux rives ; leur franchissement pose un problème de sécurité et beaucoup d’accidents y ont lieu dûs à la vitesse favorisée par un tracé qui appuie la sensation du
« tout droit » donné à la voiture.
Sur son axe rapide, la ville a su sécuriser et gérer le flux, tout en permettant la traversée piétonne et oxygénant la cité par cette bande de verdure. Cette dernière n’est pas seulement un dispositif d’agrément, mais un moyen de réduction des nuisances sonores.
La voie rapide, anciennement toute rectiligne, générait beaucoup d’accidents.
Le ralentissement du flux est agencé par une voie cambrée en deux courbes, apportant naturellement la prudence de la conduite.
Le stationnement
La problématique : les parkings envahissent l’espace public dans la ville empiétant sur le droit à l’espace des non motorisés, mais aussi à une certaine qualité de vie urbaine paysagée.
La diversité des solutions adoptées, témoigne de l’importance accordée au problème de stationnement et de la prise en compte des entités urbaines, par la personnification de chaque quartier en fonction de l’ambiance que celles-ci inspirent.
De plus, le citoyen est sollicité à contribution par le jeu :
* des stationnements alternés
« Chacun sa place et alternativement actif ».
« Mais pas n’importe où »
* des zones vertes à disque
« On protège la zone verte : chacun son tour, c’est gratuit et je suis actif »
« Chacun sa place et sa valeur dans la ville »
La notion de territoire est particulièrement travaillée à Fontenay-aux-Roses, non seulement par l’écriture mais aussi par des traitements de surface-sol différent en coloris, en texture et sonorité. Ces agencements sont renforcés par le choix des mobiliers urbains (
Voie automobile en noire / Trottoir et zone piétonne en rouge).
Les espaces protégés
* les zones vertes
* les zones 30, aire de quiétude à préserver
Ici, l’accès de la voirie est resserré par un carré de verdure, ce qui formalise une « entrée » de territoire tout en maîtrisant le flux et le stationnement.
La signalétique est visible sans envahir le paysage. * les zones « Boa » Lieux et passages à protéger pour les enfants se rendant aux établissements scolaires.
Ici et là, on est interpellé par des animations plastiques colorées qui signalent le passage des enfants ou l’approche d’une école.
En dehors, de leur fonction de signalétique, ce sont des notes joyeuses dans la ville. Les Boas ont reçu le prix de la prévention routière…
Excellente initiative créatrice !
Les espaces de respiration : Place aux artistes
La reconquête urbaine passe aussi par la reconquête des espaces publics de rencontre et de mixité. Fontenay-aux-Roses n’hésite pas à donner la place aux artistes dans leur rôle le plus honorable : celui de participer à la vie et l’ambiance de la cité.
Ce sont les flâneurs et les résidents qui en profitent le plus…
Et la place retrouve sa fonction urbaine, celle de lieu investi par la congrégation. Fontenay-aux-Roses ou la nature protégée: la coulée verte au cœur de la ville, lieux de croisement des flux piéton, voiture, cycliste. La jonction est signifiée par une placette, où en amont et en aval, le flux routier est ralenti par des dos d’ânes. La municipalité ne laisse pas un recoin sans soin, ici le cheminement le long de la voie ferrée, est aménagé pour le bien être de chacun.
Cette
action fait partie de la politique urbaine de la ville qui crée un maillage
piétonnier pour favoriser les échanges, les rencontres, les passages d’un
territoire à un autre. Et qui plus est, Fontenay-aux-Roses met en valeur les entités locales.
«Le savoir-faire, le savoir-vivre l’urbanité est
la mise en valeur de chacun dans la ville.» |