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Professionnels du Spectacle et de l'Evènementiel

Florence Haouel - Chargée de développement du Loft Sportif

Loft Sportif

Le pari relevé par cette association : démystifier la violence au cinéma  et même désacraliser l'agressivité grâce à l'initialisation des trucages et cascades.

Le Loft Sportif intervient auprès des enfants et des adolescents. '... Il s'agit de montrer concrètement que la violence au cinéma n'est que trucage, que les adversaires à l'écran sont en fait des partenaires de travail; que les professionnels s'entourent de tout un dispositif de sécurité pour réaliser une cascade, qui nécessite travail et rigueur. Dans cette perspective, nous utilisons des supports pédagogiques attractifs et ludiques : la cascade, les effets spéciaux, les techniques audiovisuelles...'

Bonjour Florence Haouel, merci de vous présenter en quelques mots et de nous expliquer ce qu'est le Loft Sportif ?

Bonjour, j'occupe le poste de chargée de développement dans notre association, Loft Sportif. Loft Sportif est une association loi 1901, dont l'objectif est de démystifier la violence au cinéma. Il s'agit de montrer concrètement que la violence au cinéma n'est que trucage, que les adversaires à l'écran sont en fait des partenaires de travail; que les professionnels s'entourent de tout un dispositif de sécurité pour réaliser une cascade, qui nécessite travail et rigueur. Dans cette perspective, nous utilisons des supports pédagogiques attractifs et ludiques : la cascade, les effets spéciaux, les techniques audiovisuelles. A travers une pédagogie interactive, conçue et mise en oeuvre par Robert Bénitah, cascadeur et régleur de cascades professionnel, nous travaillons sur des projets de prévention des conduites à risques et de la violence.

Pouvez-vous nous citer des interventions que vous avez réalisées ?

Les partenaires de nos actions sont divers, à la fois travailleurs sociaux, acteurs du culturel et de l'Education Nationale : éducateurs des clubs de prévention, animateurs des centres sociaux et socioculturels, des maisons de quartiers, des centres de loisirs, professeurs dans les écoles, les collèges et les lycées, directeurs de cinéma de quartier. Pour exemples d'actions déjà réalisées, je peux vous citer quelques projets récents : avec l'association de prévention spécialisée "La Pépinière" à Meudon (92); à Gonfreville L'Orcher (76) dans le cadre du Festival du Cinéma, au Forum des Images de Paris, au Centre Social Le Pavé Blanc à Clamart (92), au Lycée professionnel d'Orly (94) ou au Québec avec plusieurs écoles primaires. Ces projets ont été l'occasion d'aborder de façon ludique des thèmes pas toujours faciles d'accès pour un public jeunes : le racisme, la prévention routière, la drogue, le racket, la relation à la clientèle dans un contexte professionnel.

Quelle est la tranche d'âge des enfants la plus pertinente pour qu'ils reçoivent bien votre message ?

Nous travaillons avec des enfants à partir de 9 ans. Mais à mon sens, la tranche d'âge la plus pertinente pour nos projets est celle des 12-18 ans, les préadolescents et adolescents. A cet âge, en effet, le jeune a du mal à s'inscrire dans autre chose que la consommation d'activités et le loisir, qui lui procurent un plaisir éphémère et éternellement insatisfait. Il est donc difficile de mobiliser un groupe d'adolescents sur un projet, d'autant plus si celui-ci s'inscrit sur une année. Nos partenaires se heurtent toujours à la même difficulté : trouver un support attractif pour "attirer" leur public, et qui leur permet de travailler sur des objectifs de prévention. En tant qu'ex-responsable d'un secteur Jeunesse Prévention en Centre Social, je suis bien placée pour travailler sur cette difficulté!

Quelles sont les démonstrations qui impressionnent le plus les enfants ?

La cascade bagarre est la démonstration qui impressionne le plus le public. Le cascadeur professionnel dévoile à ce moment là les secrets des coups portés au cinéma : la gifle, le coup de poing, l'étranglement. Et les jeunes eux-mêmes apprennent à réaliser ces cascades, en toute sécurité bien sûr. Le maquillage d'effets spéciaux remporte aussi un vif succès : il s'agit de découvrir comment sont réalisées les fausses blessures au cinéma : brûlure, hématome, cicatrice, plaie, impact de balle.

Pensez-vous que les tous les enfants distinguent bien l'irréalité des scènes de violences diffusées dans les fictions ? S'il y a confusion à quel niveau se situe t'elle ?

C'est la question cruciale, au coeur du projet de Loft Sportif. J'ai pu constater en interrogeant des jeunes en début de projet que globalement, la frontière entre fiction et réalité est floue chez ce public. Pour une minorité, ce qu'on leur donne à voir en image est la réalité. Ce sont pour la plupart des jeunes qui sont déjà dans le passage à l'acte de violence. Mais en règle générale, l'adolescent sait intuitivement que l'image de violence est un produit créé "pour faire vrai". Le problème est qu'il ne se pose pas la question. Si on la lui pose de façon théorique, il pourra répondre que, dans une scène de bagarre, les coups ne sont pas réellement portés. Toute la question réside dans le décalage entre ce savoir théorique et le rapport à la violence de l'image. L'enfant, le jeune, est un grand consommateur d'images, et notamment d'images violentes, par le biais de la télévision et du cinéma. Face à l'écran, la fascination du jeune pour l'image violente fait que fiction et réalité fusionnent. Il s'identifie au héros tout puissant car celui-ci le renvoie à l'image qu'il a de lui-même, à savoir celle d'un être immortel sur lequel le danger n'a pas de prise. En même temps, l'image de violence à l'écran ne cesse d'alimenter cette illusion : un personnage se relève après plusieurs impacts de balle, un autre survit à un accident de voiture gravissime, un autre encore ne semble pas perdre de sa vitalité malgré les nombreux coups qui lui sont portés. Ainsi, le jeune public qui s'identifie au héros tout puissant peut-il être amené à reproduire les scènes d'actions qu'il admire, et donc à s'inscrire dans des comportements à risques avec les dérives qu'on connaît. C'est le constat de nombreux professionnels de terrain, éducateurs, animateurs, enseignants, politiques.

Face à ce constat, quel est votre rôle ?

L'objectif de Loft Sportif est de faire comprendre au public, par une pédagogie interactive, le processus de création de l'image violente. Ainsi, le savoir intuitif que la violence n'est que trucage devient une connaissance pratique que les jeunes appliquent lors des ateliers, encadrés par des professionnels du cinéma : initiation cascade bagarre et maquillage d'effets spéciaux, initiation aux techniques audiovisuelles, construction de décors, réalisation de courts-métrages... La mise en pratique est très importante à un âge où l'on ne croit que lorsque l'on a expérimenté. Elle permet l'éveil des regards, la distanciation par rapport à l'image et le développement de l'esprit critique.

Votre 'public' n'est pas le plus argenté. Comment arrivez-vous à ficeler le budget de telles opérations, malgré tout ?

Pour financer ces projets, nos partenaires sont soutenus, en accord avec des institutions telles que la Direction Départementale de la Jeunesse et des Sports, le Conseil Général, la Direction Régionale des Affaires Culturelles, Kyrnéa International, le Centre National de la Cinématographie, la Caisse d'Allocations Familiales, le Rectorat pour les projets en milieu scolaire.

Auprès des enfants, vous intervenez pendant combien de temps ?

Nous intervenons sur des projets à plus ou moins long terme, selon le contexte de chaque structure. Bien sûr, un projet qui évolue sur une année est plus porteur en terme de prévention qu'un atelier d'une journée. Cependant, sur les modules courts, l'objectif est que les équipes pédagogiques d'accueil travaillent avec leur public en amont sur la préparation de nos interventions puis les exploitent par la suite. C'est ce travail qui fait la spécificité et la richesse de chacun des projets.

La violence devient un mode de communication auprès de certains grands adolescents de plus de 15 ans. Ne croyez-vous pas qu'à cet âge, c'est un peu tard pour rééduquer leur comportement ?

A mon sens, il n'est jamais trop tard ! Je pense que même un adulte peut évoluer positivement dans son comportement, à condition qu'on lui donne des moyens adaptés à cette évolution. A travers nos actions, nous travaillons sur les conduites à risques, mais aussi sur le "comportement citoyen" : savoir communiquer avec autrui dans le respect de chacun, trouver d'autres voies que la réponse violente ! Mais il faut garder à l'esprit que les interventions de Loft Sportif s'inscrivent dans des objectifs de prévention, et l'on ne "prévient" plus quand un jeune est déjà dans le passage à l'acte.

Former un jeune qui dérive à un sport de combat, n'est-ce pas lui donner encore plus de pouvoir pour exercer sa violence contre ses victimes ?

Pas du tout, je dirais bien au contraire même : la philosophie du sport de combat telle qu'elle est pratiquée par les intervenants de Loft Sportif est foncièrement non violente. Elle est fondée sur le respect de l'adversaire, qui est un partenaire de travail. Là-dessus, la pédagogie conçue et mise en oeuvre par Robert Bénitah est essentielle : il s'agit d'initier des jeunes à une pratique sportive qui demande rigueur et concentration. L'essentiel se joue au niveau du mental, l'objectif étant justement d'être assez fort mentalement pour éviter toute dérive violente. Sur les stages d'initiation à la cascade mis en place en collaboration avec nos partenaires sociaux et culturels, la boxe anglaise fait partie du programme, sur une petite partie, toujours dans un contexte de prévention. En revanche, l'Ecole de formation "Loft Sportif", ouverte aux jeunes de 18 à 25 ans, propose à ce public une formation d'une ou deux années sur la polyvalence des métiers du spectacle : cascade, maquillage d'effets spéciaux, rôle d'actions ! Sur les modules sportifs de cette formation, le sport de combat est fondamental. 

Concernant la terrible violence due à l'usage d'armes blanches ou d'armes à feux, que dites-vous aux jeunes ? Quel déclic espérez-vous déclencher ?

 Nous organisons des modules spécifiques sur l'usage des armes, blanches ou à feu. A partir des supports attractifs de la cascade et des techniques audiovisuelles, le cascadeur professionnel présente plusieurs modèles d'armes de spectacle bien sûr! Il s'agit là de faire prendre conscience au public du caractère extrêmement dangereux, à la fois pour soi et pour les autres, du maniement d'une arme. Sur ce type de module, nous pouvons travailler avec un officier de Prévention de la Police Nationale.

Comment demander au Loftsportif d'intervenir dans une structure ? Avez-vous des séances préformatées que l'on peut commander ?

Il suffit de nous contacter par téléphone, de venir nous rencontrer dans nos bureaux à Colombes. En tant que chargée de projets, je suis à la disposition des équipes pédagogiques pour construire avec elles un projet spécifique : en fonction du contexte de la structure, de ses difficultés, de son public, des objectifs pédagogiques, nous construirons ensemble un projet adapté. C'est pourquoi nous n'avons pas fait le choix du "catalogue" avec des séances pré formatées que l'on pourrait commander. L'équipe pédagogique des animateurs, des éducateurs, des professeurs, reste porteuse et maîtresse d'un projet. Nous leur proposons un savoir-faire et une pédagogie, à la fois adaptée à leur public et qui leur permettent de travailler sur des objectifs de prévention de la violence.

Quels sont vos projets pour l'association Loftsportif ?

Pour le moment, notre champ d'action se situe principalement en France, et notamment sur la région parisienne. Notre objectif est d'étendre encore davantage nos actions en province. Par ailleurs, nous travaillons également avec des partenaires sociaux en Suisse et au Québec. Nous avons en tête la réalisation de projets à l'échelle de l'Europe, sur la base de rencontres interculturelles entre des jeunes de différents pays. A plus long terme, l'objectif est que Loft Sportif devienne une réelle plate-forme de communication, d'orientation et de soutien en terme de supports pédagogiques pour tous les partenaires socioculturels travaillant sur des objectifs de prévention.

Florence Haouel, merci.
Art 'n Show soutient vos activités,
revenez nous voir pour nous tenir informés de vos projets !

Propos recueillis par
Corinne Alfano
le 17/02/02

 
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